Mitsu Tomoé

Mitsu Tomoé

Etre plutôt qu’avoir; détenir un savoir, et les clés pour le rendre utile, plutôt que posséder des biens matériels; ressentir avec le corps, par toutes les pores de notre peau, en faisant en sorte que la pratique ne soit pas la simple répétition de mouvements, mais qu’elle soit source de réelle harmonie entre les divers éléments constitutifs de l’Homme : l’âme, l’esprit, le corps.

Bienvenue dans un Monde de sensations et d’harmonie ! Le quotidien risque de n’être plus tout-à-fait le même lorsque vous aurez essayé, éprouvé, découvert, ressenti les mille et une sensations que procure la pratique du Budô authentique.

« L’Aïkidô est la pure expression de la Vérité », déclarait le Maître UESHIBA (cité dans le premier livre paru sur le sujet au Japon en 1956). Notre credo sera de toujours cheminer vers la Lumière, guidés par les pas de nos illustres initiateurs, ces Maîtres exceptionnels qui nous ouvrirent la Voie et nous indiquèrent la direction à suivre.

Cheminer, encore et toujours

Ils semèrent les graines; à nous de faire la récolte, d’enrichir si possible le terreau, de ne rien altérer, d’exprimer avec juste un peu de liberté et de personnalité (car nous ne sommes pas des clones), puis de ressemer pour que nos Elèves puissent à leur tour récolter, ressemer, et ainsi de suite.

Ainsi se fait la transmission. Point n’est besoin de créer pour cela un cadre rigide, hors duquel il n’y aurait paraît-il point de salut. Il faut tourner le dos à la pratique où à ceux qui prétendent l’imposer, dès lors qu’elle devient synonyme d’obligation et n’est plus compatible avec le plaisir de la recherche pure.

La progression est en effet affaire très personnelle: cheminer, cheminer encore, cheminer toujours, sans jamais quitter la Voie du Milieu, cette sente étroite et infinie qui nous mènera peut-être un jour vers le but ultime de l’existence. Mais cela, nous ne le saurons que lorsque viendra le temps de parvenir au sommet, c’est-à-dire de passer de l’Autre Côté, sur le versant menant à un autre Univers.

Rien ne presse: nous avons toute la vie.

« Hâte-toi lentement », dit le proverbe. Continuité est mère de progrès.

La vie est expérience et ressenti; c’est en continuant inlassablement à cheminer, dans la joie et l’enthousiasme des fabuleuses découvertes que nous ferons en cours de route, que nous parviendrons peut-être à lever un coin du voile qui nous révélera une parcelle de la Vérité que nous sommes venus chercher ici-bas.

Transmettre et faire partager

L’AIKIDO TENJINKAI n’est ni « Ryû » (courant, parfois dans le sens de « clan »), ni synthèse, ni copie, ni parodie, ni création moderne, ni amélioration d’un existant. Il ne véhicule ni idéologie, ni philosophie imposée. Il n’est fondé sur aucune croyance ou pratique religieuse. Il n’a pas pour vocation d’empiéter sur le domaine très privé des convictions philosophiques et autres. Il est né de la poursuite d’un cheminement personnel, entamé voici près de 40 années par un homme animé du désir d’apprendre, puis bientôt de transmettre, faire partager, et dont la vie entière a été rythmée par le mot Aïkidô.

L’AIKIDO TENJINKAI est la simple pratique de l’Aïkidô, Art Martial du Japon créé par Maître UESHIBA, un visionnaire du XXème siècle qui se projetait déjà dans un monde sans conflits ni oppositions. L’enseignement de notre Ecole est le fruit d’un travail commencé en 1973 par un garçon alors âgé de 12 ans qui tout de suite fut captivé, subjugué par l’Art de ses Maîtres et qui depuis lors n’a vécu que pour en poursuivre la recherche tout en le rendant accessibles à ceux qui souhaitaient s’y initier.

L‘AIKIDO TENJINKAI n‘a nullement vocation à s’inscrire dans le marbre du Temps; cette Ecole d’Aïkidô vivra avec son initiateur, lequel aura pour simple objectif de transmettre une passion et un enseignement technique qui pourront servir à ceux qui le reçoivent pour, à leur tour, découvrir les merveilles de cet Art, et qui sait ? en poursuivre la recherche et le développement.

L’Histoire nous enseigne que tout ce qui est humain est par essence éphémère. En ce sens, il est vain de prétendre perpétuer un enseignement, qui n’est qu’une façon de jouer une partition: cette partition étant l’Aïkidô.

Chaque homme est par définition « unique et indivisible » (cf. le terme « individu »);ce qu’il fait, ce qu’il crée n’appartient qu’à lui et à lui seul. De la même manière que l’on ne trouvera pas deux individus ayant les mêmes empreintes digitales ou le même visage, il est absolument impensable de prétendre transmettre à des élèves une méthode clés en mains, avec obligation absolue de ne jamais déroger aux principes énoncés, dictés par un Maître, si illustre soit-il, car ce dernier n’est au fond qu’un simple passeur.

De la pratique fusera la Vérité, et ce n’est qu’à force de chercher, pratiquer, appliquer, éprouver, ressentir, se tromper aussi parfois, que l’adepte parviendra à développer et faire croître en lui une parcelle de Lumière. En ce sens il n’y a aucun secret, ou plutôt le « secret » peut se résumer au contenu du présent paragraphe.

Nulle prétendue vérité ne saurait être imposée; elle est affaire purement personnelle, même si la pratique de la Voie peut proposer des pistes à ceux qui souhaiteront s’engager plus avant dans l’art. D’autres le considéreront comme un loisir ou un moyen de s’oxygéner le corps et l’esprit, et ce sera leur droit le plus strict.

Cette vision du Budô ne devrait pas en réjouir certains, mais l’on peut espérer pour eux que, au moment de passer à un plan d’existence que l’on peut envisager plus subtil, leur préoccupation ne sera pas, tels ce personnage de Balzac qui demandait à caresser ses écus avant de partir pour un monde meilleur, de se retourner pour s’assurer que leur nom passe bien à la postérité, et que leurs disciples font bien la révérence devant l’autel de leur suprême ego avant de commencer la pratique.

Bien des Maîtres, s’ils détiennent une réelle valeur technique et peuvent enrichir notre pratique de leurs expériences (parfois acquises aux côtés de personnages prestigieux tels que le Maître UESHIBA), s’avèrent être de piteux modèles dans l’existence de tous les jours; et les belles leçons de morale martiale qui sont généreusement distribuées à leur entourage semblent ne pas s’appliquer à eux-mêmes. Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais, tel pourrait être leur profession de foi.

C’est afin d’éviter de tomber dans ces malheureux travers, tant il est vrai qu’un Maître peut en bien des circonstances acquérir le statut peu envieux de contre-exemple, que l’AIKIDO TENJINKAI n’aura ni vocation à, ni prétention de régenter la vie de ses adeptes.

Un homme, une Ecole, un nom

C’est sur les conseils d’un ami proche, représentant en France et en Espagne l’AIKIDO pratiqué notamment au sein de la Police japonaise, que je me suis décidé à donner une appellation à notre Ecole d’AIKIDO. Cet ami sincère me rappela fort justement que les Ecoles portant le suffixe « KAN » désignaient à l’origine un lieu, c’est-à-dire le Dôjô créé par un Maître généralement missionné par son propre Sensei pour ouvrir ce que nous appelons en Occident un « club ».

Ainsi les termes, par exemple, de YOSEIKAN, YOSHINKAN et autres, s’ils furent par la suite et du fait du développement outre-océan de ces Ecoles, assimilés à des Styles, désignaient simplement à l’origine le Dôjô, parfois modeste, où enseignait un Maître talentueux, parfois et même souvent à un petit nombre de pratiquants. Ce qui ne diminuait en rien la valeur son enseignement.

Dans un tout premier temps, l’idée de trouver un nom ne m’enchantait guère, et je la repoussai. Fallait-il en effet à nouveau s’emmurer dans une Tend…ance? J’avais soupé plus que largement du culte de la personnalité des uns et des autres qui, soucieux de laisser une trace indélébile dans les mémoires, s’activent de leur vivant en vue de laisser à la postérité (qui ne leur demande rien) des directives à défaut d’un buste de bronze.

« Mais, poursuivit mon interlocuteur, tes quarante années de pratique et d’expérience ne doivent pas être diluées sous le seul vocable d’Aïkidô, et il importe que, conformément à la tradition, tu donnes un nom à ta pratique ou à ton Dôjô, même sans la volonté de fonder une ènième nouvelle tendance ! »

Il est vrai que, présentée sous cet angle, la chose devenait plus claire, plus logique.

C’est dans cet esprit que, en l’espace de quelques instants, me vint tout naturellement le nom de TENJINKAI. N’ayant pas de Dôjô propre, il n’était pas question d’appeler TENJIN KAN une salle municipale; en revanche le suffixe « KAÏ» signifiant plutôt groupe, mouvement, groupement, association (au sens propre), s’imposait de lui-même.

TEN, le Ciel, dans son acception cosmique, figure en bonne place pour nous rappeler que la pratique doit tendre à nous élever. L’on pourrait développer infiniment le sujet de l’Homme, qui se différencie du règne animal notamment par la verticalité permanente de sa posture physique, et par sa propension naturelle et irrémédiable à vouloir s’élever, ne serait-ce que vers les étoiles (rêve de toute humanité depuis les tout premiers Âges), si toutefois il n’est pas mu par le désir de s’élever spirituellement (la divinité ayant traditionnellement son siège en quelque lointain et hypothétique point du firmament).

Dans la philosophie reliée au Budô, apparaît souvent le terme TEN CHI JIN, qui représente la « Trinité » en vigueur dans les arts martiaux du Japon. Ces arts ne sont que des moyens de parvenir à une harmonisation de l’Homme entre ces deux éléments : TEN (Ciel, objectif à atteindre symboliquement) et CHI (prononcer « t’chi », Terre, élément dont il est issu); l’harmonie atteinte, les contraires ayant été dissous au sein de l’être, celui-ci peut être qualifié de TENCHIJIN, « Homme Ciel-Terre », ou homme accompli.

JIN est la contraction adoucie du mot SHIN, Kokoro, qui désigne une notion à mi-chemin entre le cœur (symbolique et non physique) et l’esprit. L’écriture correspondant à ce mot peut, calligraphiée de manière arrondie, ressembler de façon assez frappante à un Aïkidôka en phase de Ukémi (chute) vers l’avant.

De plus, le jeu des sonorités peut légèrement induire en erreur, en ce sens qu’à première écoute, TENJIN pourrait signifier « l’Homme-Ciel », qui représente également une jolie allégorie de ce vers quoi nous tendons à évoluer dans nos pratique et vie quotidiennes.

KAI signifiant le groupement, ou plus joliment la rencontre de plusieurs êtres.

Le sigle choisi pour notre Ecole est un motif bien connu: il s’agit du Mittsu Tomoé ou Triple Roue, symbole cosmique selon les uns, mais que l’on peut plus raisonnablement ramener à la fameuse Trinité évoquée ci-dessus.

Décliné dans sa forme présente, il offre un superbe exemple de rotondité et de fusion des éléments. Il a été emprunté à une tuile récupérée au Temple DAITOKU-JI de Kyôto (berceau du Zen Rinzaï), lors du renouvellement de la toiture. Me trouvant en visite au temple à ce moment-là, j’eus la chance de pouvoir récupérer une tuile ancienne et érodée avant qu’elle ne soit pilonnée et utilisée pour combler les fossés pleins de vase du Temple.

C’est par ailleurs en visitant ce même Temple que me fut présenté pour la première fois sous une forme très ronde le caractère SHIN (qui se lit également Kokoro) utilisé pour l’appellation de notre Ecole. Le moine OZEKI, calligraphe distingué, offre ou plutôt vend à prix d’or à ses visiteurs ses œuvres dans lesquelles apparaît régulièrement ce beau caractère sphérique.

La spirale exprimée ainsi, si essentielle à l’Aïkidô, devra nous permettre de nous adapter à tous les aléas de l’existence, car ce qui est sphérique ne se heurte pas mais coule en souplesse pour rebondir. Fasse également le Ciel que notre caractère, à force de travail et d’épreuves, acquière la rotondité nécessaire à une bonne fluidité dans l’existence quotidienne comme lors des séances d’entraînement.

Au travail ! La tâche est rude. Elle justifiera, espérons-le, une vie longue et bien remplie.

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